7ème édition annuelle du 5 au 14 février 2025

Festival International du Film de Paris

Programme 2024 - via Eventbrite

“L’important c’est de participer”

Récompenses 2024

Remise des Prix du Jury de la Compétition au Champo avec Eitan Pitigliani, Anna Cuocolo, Georgi Balabanov, Eric Geynes, Aicha Ouattara.

Cinéma Le Champo au 51 rue des écoles.

Palmarès 6ème édition

Meilleure Musique de Film La Valise Rouge de Cyrus Neshvad — Kyan Bayani.

Meilleure Collaboration Internationale Warhol de Adam Ethan Crow

Meilleur Documentaire
Every Day After de Elisa Gambino
Mention ~ Ayiti, une histoire haïtienne

Meilleure Actrice Nawelle Evad (La Valise Rouge)

Linh-Dan Pham (Impatientes)
Mention ~ Aurora Lo Monaco (I, Lina)

Meilleur Acteur Corey Johnson (Warhol)

Meilleur Scénario
Ayiti, Une Histoire Haïtienne

Meilleur Réalisateur Elisa Gambino (Every Day After)

Meilleur Long-Métrage Warhol de Adam Ethan Crow

Meilleur Court-métrage français Impatientes de Quentin Delcourt

Meilleur Court-métrage international La Valise Rouge de Cyrus Neshvad

Revivez les Cérémonies d’Ouverture et de Clôture et autres temps forts de l’édition 2024 en images sur notre chaîne Youtube.

Programme édition 2023 - Festival du Film International de Paris

 

8 - 15th Feb 2023 at Le Champo, rue des écoles

Billetterie

Mercredi 8 février - Ouverture

19 h 30 Cérémonie d’Ouverture ~ Quartier Latin

Merci de vous présenter à 19 h 45 à l’entrée du Champo pour le bon fonctionnement de l’événement
20 h Film d’Ouverture ‘Pierre et Jeanne´ de Clémentine Célarié ~ Le Champo

22 h Q&A en présence de Clémentine Célarié, Loris Freeman, Philippe Uchan et de la production ~ Le Champo

22 h 15 The Big Kitty directed de Lisa Barmby & Tom Alberts en présence de l’équipe du film ~ Le Champo


Jeudi 9 février Limited access apply bonjour@parisintlfest.com 

13 h 30 Roundtable of the Screenwriters in Competition for an ISA Network Award ~ Louvre

En partenariat avec l’association Ensemble Ukraine et la participation des comédiennes Karina Beuthe Orr, Shirelle Zaafrani et Estelle Baldassin ~ Louvre

Vendredi 10 février

11 h 30 Short films block screening  ‘Gazes on Parenting’ ~ Le Champo :

Sissy

Le Ballon Bleu

Bienvenidos a Los Angeles

A Mind Cannot Touch

Sand Mama

Psychoz

Irreverence

 

15 h - 19 h Production Industry Forum



Samedi 11 février

11 h 30 The Ringmaster ~ Le Champo

11 h 45 Little Jar ~ Le Champo

 Dimanche 12 février

11 h 30 The Uncanny ~ Le Champo

 

Mardi 14 février

11 h 30 Nocturne, Seiva Bruta, Take And Run directed by Maria Brendle, Academy Award Nominated 2022 with the participation of the United Nations Youth Envoy France TBC ~ Le Champo

Mercredi 15 février

11 h 30 Remise des Prix

12 h 45 Atelier Producteur par Secoya écotournage ~ Le Champo

Critiques du Paris International Film Festival

Signées Juliette Sculfort, Belle Époque Films.

 

Cream, 5 Récompenses dont Prix du Jury

Après avoir réalisé plusieurs très bons court métrages ayant été sélectionné au Sarajevo Film Festival et au Sophia Film Festival, Nóra Lakos s’est récemment lancée dans la réalisation de son premier long métrage intitulé « Cream ». Un défi de plus pour celle qui a créé « Cinérama » en 2018, le premier International Children's Film Festival de Hongrie dont l’objectif est d’éveiller l’intérêt des Hongrois envers le genre du film pour enfants. Pour Cream, Nóra Lakos s’est beaucoup inspirée des films de Nora Ephron (Ma sorcière bien-aimée, Julie et Julia) mais aussi du magnifique film Nuits blanches à Seattle avec Meg Ryan et Tom Hanks. Quelle joie pour Jeff Arch, le jury du Paris International Film Festival qui faisait partie des scénaristes principaux du film et qui a donc a travaillé de très près avec Nora Ephron à l’écriture du scénario. N’oublions pas qu’à l’époque, en 1994 Nuits blanches à Seattle avait remporté l’Oscar du meilleur scénario original.

Cream est une comédie romantique qui raconte l’histoire de Dora (magnifiquement campée par Vica Kerekes), une jeune pâtissière de 34 ans ne se remettant toujours pas de sa rupture avec son ancien petit ami, David, interprété par Miklós Bányai. La raison ? Celui-ci était déjà engagé et s’apprêtait à se marier. Menacée par la fermeture probable de sa pâtisserie, Dora s’inscrit à une conférence où une femme leur présente la Foundation for Hungarian Businesses, un programme auquel seules les entreprises familiales peuvent participer. L’objectif est d’apparaître comme la famille et le couple le plus soudé, preuve d’une union forte qu’on peut justement rétribuer. Rien de mieux que la stabilité du noyau familial pour faire de bonnes affaires. En y croisant son ex et sa nouvelle femme, Dora décide de mentir afin d’intégrer le programme et de remporter les 95 000 euros à la clé. Pour cela, elle demande de l’aide à un ami et à son voisin de palier interprété par Erik Gyarmati qui n’est autre qu’un enfant. Dora va vite se perdre entre mensonges et désillusions.

Cream fait partie de ses films envoutants dont en savoure avec beaucoup de plaisir l’esthétique délicieuse (Bravo à Daniel Bálint et Juci Szurdi), l’humour mordant et le jeu impeccable de Vica Kerekes. On admire le travail fabuleux qui a été fait sur le garde-robe de Dora (grâce à la talentueuse costumière Fruzsina Lányi) inspirée de la mode des années 60 et se conjuguant merveilleusement bien avec le côté punchy du personnage principal. 

Dans « Cream », Nóra Lakos mène à travers son personnage principal une réflexion sur les mensonges et le sentiment amoureux. Dora est présentée à la fois comme une pâtissière hors pair et une fan incontournable des romances cinématographiques. Elle dispose ses gâteaux deux par deux, (représentant des couples mythiques du cinéma) et ne supporte pas l’idée de les vendre séparément, au point de transformer la moitié délaissée en un généreux cadeau de la maison. Projection cinématographique et mentale dans son salon, escalier en colimaçon, salon de thé aux couleurs de l’enfance (prédominance du bleu et du rose), réflexion sur l’aspect excitant et sublime de l’amour inaccessible, Dora est un personnage qui s’enferme dans son idéal de passion tragique et impossible. Grâce à une esthétique vintage très plaisante, dont l’anachronisme intentionnel frôle l’irréel (on est tout de même plongé dans société dans laquelle un téléphone fixe à fil côtoie un smartphone), Nóra Lakos représente les fantasmes d’une femme qui va devoir apprendre de ses erreurs et de ses mensonges afin d’accéder à une forme d’amour plus véritable et plus authentique. C’est un récit d’apprentissage dans lequel nous embarque la talentueuse réalisatrice qui étirera les stéréotypes familiaux au maximum afin d’en souligner les tords… mais aussi la tendresse. Si on devait retenir une leçon de « Cream », ce serait celle-ci : A force de trop s’enfermer dans une identité personnelle ou familiale, on passe très souvent à côté de la réalité et de son propre bonheur. Un feel-good movie qui en réjouira plus d’un et dont l’identité visuelle très colorée nous envoute aussi bien que les cupcakes de Dora.    

Si l’on creuse un peu plus loin, le spectateur s’aperçoit rapidement que cette comédie romantique dissimule une critique de la société Hongroise traditionnelle, bien visible derrière les passions des personnages. Cette rigidité de la norme est incarnée par la présentatrice, qui dès sa première conférence au sujet de la Foundation For Hungarian Businesses insiste sur l’importance de la conservation et de l’entretien de l’héritage familial. Dora écoute, attentivement, passant discrètement sous un tableau représentant une famille maussade. Le choix des décors ainsi que des costumes est tout aussi significatif. Les lieux dans lesquels les familles suivent le programme ainsi que la salle de conférence au début du film rappellent l’esthétique kitsch des années 60 et l’ordre moral qui y régnait. Les lumières chaudes et diffuses semblent parfois étouffer les personnages. Si le vintage se conjugue avec la musique entraînante et rythme les avancées de Dora afin de mettre en valeur son caractère pétillant, il apparait aussi parfois comme oppressant. Mais cette critique sociale ne se fait pas sans une pointe d’humour. On notera cette scène géniale dans laquelle des images obscènes interprétant de façon moderne les contes de Perrault défilent malencontreusement dans la pâtisserie de Dora, sous les yeux éberlués des enfants. On pourrait penser que le docteur Ivan Szentmihaly va apporter une touche de modernité et un souffle nouveau. Mais il s’avère tout aussi moralisateur et culpabilisateur, passant pour un de ces charlatans contemporains qui prétend nous vendre le bonheur en boîte. Cette opposition entre tradition et modernité semble atteindre son paroxysme lorsqu’il se met lui-même en scène en se projetant sur la façade d’un temple antique grâce au numérique. Malgré les conseils du docteur, les personnages ne pourront compter que sur eux même et trouveront leur bonheur en se détachant de leurs idées préconçues. Dora réussira-t-elle à accepter que Robert Redford puisse s’en aller sans Barbara Streisand ?

Cream est un premier long métrage réussi dont Nóra Lakos peut être fière. Lumineux, drôle et légèrement sarcastique, s’inspirant en partie de la biographie de la réalisatrice, ce film nous embarque dans un univers très stylisé qui donne envie d’y rester notamment pour son rythme endiablé et sa musique entraînante composée par Adam Balázs. A travers l’histoire de Dora, Nóra Lakos éveille notre conscience et nous rappelle notre propre expérience, l’amour étant une thématique universelle à laquelle on peut tous s’identifier, qu’on soit au début de notre parcours amoureux ou bien déjà loin en chemin.     

Kiss The Ground, Meilleur Long-métrage Documentaire

Comment nous sauver des conséquences désastreuses du réchauffement climatique qui nous attend tout en gardant une attitude positive et bienveillante ? La réponse se trouve juste sous nos pieds. En tout cas, c’est ce qu’affirment Rebecca Harrell Tickell et Joshua Tickell dans leur documentaire sur l’agriculture régénératrice, sélectionné au Paris International Film Festival : Kiss The Ground.

Déjà connus pour avoir réalisé des documentaires sociaux et environnementaux importants comme Fuel (prix du Best Documentary pour le Sundance Audience Award) mais aussi The Big Fix (en sélection officielle du Festival de Cannes en 2011), le couple bouscule de nouveau les esprits avec ce documentaire émouvant qui démontre les conséquences de la surexploitation des sols et le déséquilibre global que l’agriculture intensive entraîne sur le vivant.

Kiss The Ground fait partie d’un projet plus large : Kiss The Ground Fund Impact, ayant pour objectif de sensibiliser, former et accompagner des agriculteurs et des éleveurs du monde entier dans leur transition vers l’agriculture régénératrice. Kiss The Ground nous emmène à la rencontre de plus de 25 personnalités différentes, toutes engagées dans la préservation des sols. Agronomes, scientifiques, auteurs, artistes, agriculteurs pratiquant la permaculture ou spécialistes du compost nous partagent leurs connaissances et leur expérience de la terre, leurs préoccupations pour le futur mais aussi leur amour pour la biodiversité. 

« Il s’agit de mettre en place un système de coopération avec la nature plutôt que de poursuivre nos anciennes méthodes s’opposant à elle ». Dans les années 30, face au Dust Bowl qu’avait engendré le surlabourage des champs, le président Franklin Roosevelt était déjà conscient qu’il fallait changer notre modèle agricole et que cela passait inévitablement par la compréhension de la nature et le respect de ses lois physiques. Les réalisateurs nous alertent. Il y a déjà eu de graves problèmes environnementaux par le passé et il est tout à fait possible que cela se reproduise si on ne fait rien. Les archives en noir et blanc glacent le sang, semblant appartenir au passé comme des images de guerre alors qu’elles pourraient bientôt redevenir réelles. Kiss The Ground s’ouvre sur cette démarche portée Ray Archuleta, un agronome qui apprend aux éleveurs à obtenir un sol en bonne santé grâce aux techniques de l’agriculture régénératrice. C’est l’idée qui sera portée tout le long du documentaire à travers des portraits de femmes et d’hommes qui se battent pour changer le monde afin de mettre place une agriculture qui s’inspire en partie de modèles ancestraux.

Un de nos portrait favoris est bien évidement celui de Gabe Brown, ancien agriculteur traditionnel reconvertit dans l’agriculture régénératrice. Convaincu des bénéfices de la permaculture, il évite le labourage et valorise la diversité des animaux et des végétaux au sein de ses champs afin de créer un écosystème naturel et durable. Gabe Brown participe à la création d’un monde vivant, riche, et plus sain.

Même si Kiss The Ground nous rappelle bien évidement les dégâts actuels et futurs du réchauffement climatique, le documentaire ne sombre pas dans une le catastrophisme culpabilisateur. Au contraire, de nombreux projets nous sont montrés à l’écran prouvant l’incroyable capacité de résilience de la nature. Kiss The Ground révèle que l’homme est capable d’accompagner et d’accélérer la fertilisation des terres s’il en comprend le cycle. Agrémenté par de nombreux graphiques et des schémas pédagogiques, le documentaire permet à des esprits alertés ou non de comprendre le fonctionnement du sol. 

Porté par la voix off du célèbre acteur Woody Harrelson (The Hunger Games, True Detective), Kiss The Ground créé l’enchantement en alternant portraits poignants, paysages sublimes et visuels. En rappelant la beauté de la nature et en montrant que le respect de la terre est générateur de bonheur chez ceux qui la cultivent, Rebecca Harrell Tickell et Joshua Tickell nous proposent une œuvre éducative, touchante et positive qui donnera envie à tous d’apporter de l’aide à ce projet global.

Le réchauffement climatique ainsi que le respect de l’environnement sont des valeurs portées par le Paris International Film Festival dont toute la communauté est engagée et sensibilisée à ces problématiques.

Influenceuse, 3 Récompenses dont Meilleur Court-métrage

Avec son nouveau court métrage intitulé Influenceuse, soutenu par le CNC Talent, Sandy Lobry propose une œuvre filmique inédite, saisissante et portant avec une grande justesse cette problématique contemporaine connue de tous : les conséquences des réseaux sociaux sur la santé mentale des jeunes. Figure montante de YouTube et ayant déjà collaboré avec RDC Paris, France Télévision Slash et Canal +, Sandy Lobry, aussi connue sous le nom de Sandy L, possède plus d’une corde à son arc et réussit à bouleverser les spectateurs grâce un court métrage au format original et à l’histoire troublante.

Influenceuse raconte l’histoire de Lola, interprétée par Lauréna Thellier (Ma Loute, K contraires), une lycéenne mal dans sa peau, accro à son téléphone et aux réseaux sociaux. En proie à la solitude et ignorant un père qui tente de la faire sortir de sa chambre, sa vie bascule le jour où elle contacte Miss Billy (incarnée par Alix Bénézech) sur Instagram, une influenceuse qu’elle idolâtre et qu’elle considère comme son modèle. Tandis qu’elle attend une réponse de cette dernière, Lola se met à copier la jeune femme en décidant de devenir elle aussi influenceuse. Mais les choses ne prennent pas la même tournure que pour Miss Billy et la jeune adolescente devient rapidement sujette de moqueries.  

Ce qui frappe d’emblée avec Influenceuse c’est l’originalité et l’unicité du choix de la forme. Sandy Lobry propose au spectateur une expérience immersive en le plongeant dans le monde de Lola, uniquement à travers son téléphone. Grâce au travail remarquable du graphiste et du motion designer Antoine Beahaeghel, l’interface d’un IPhone classique ainsi que celles des médias connus tels que Instagram, Google ou Konbini mais encore wikiHow a été recréée de façon si précise et réaliste qu’elle permet de construire un point de vue ultra subjectif et innovant. Ce choix de nous faire vivre une histoire uniquement à travers une plateforme numérique et via la caméra de Lola ou de Miss Billy nous rappelle le genre du « found footage », surtout apprécié par le cinéma d’horreur, et qui se justifie également à travers Influenceuse, l’intrigue basculant progressivement vers le thriller.  

Mais Influenceuse est avant tout un drame psychologique qui nous propose de visualiser la chute dans la folie d’une jeune adolescente. Tout au long du court métrage, Lola va se métamorphoser physiquement délaissant son pyjama la belle au bois dormant pour du maquillage et des vêtements très similaires à ceux de Miss Billy. L’ultra sexualisation de la jeune fille se veut comme un passage à l’âge adulte malsain et obscurcit par l’évolution psychologique de Lola qui se met en scène pour satisfaire ou plutôt rassurer son égo. Le basculement irréversible du personnage sera filmé principalement à travers la caméra du téléphone de Lola et de Miss Billy, rappelant, comme nous l’avons dit précédemment, le genre du found footage et le réutilisant intelligemment ici :  il ne s’agit pas de cinéma d’horreur mais d’une satire des réseaux sociaux.

Ce film interroge donc notre rapport à la fiction et à la réalité. Premièrement, la réalisatrice nous conseille de visualiser le court métrage directement sur notre téléphone afin de renforcer le sentiment d’immersion dans les émotions de Lola. L’interface, reproduite grâce à l’animation, semble se calquer sur notre propre smartphone, nous donnant l’impression de vivre empiriquement les faits et gestes de la protagoniste. Le medium filmique agit lui-même comme un trompe l’œil résonnant avec l’histoire. En effet, la question de la fiction ne s’arrête pas à la forme. A travers Influenceuse, La réalisatrice nous propose « une fiction » qui parle de « la fiction des réseaux sociaux ». Miss Billy joue un rôle pour gagner sa vie, ce que ne comprend pas réellement Lola qui s’attache beaucoup trop à son idole jusqu’à développer une obsession dangereuse pour elle. L’influenceuse tant adulée vend des produits qui servent eux-mêmes à enrichir le paraître : faux-cils, blanchissement des dents. Lola se fictionnalise elle-même en se créant un rôle sur les réseaux sociaux, en changeant son nom et en essayant d’affiner la forme de son visage via une appli. Influenceuse opère une mise en abime de la fiction et ce grâce au côté immersif qui permet d’extirper le spectateur de sa propre réalité. Tout ce processus tend à dénoncer la superficialité, l’addiction et les comportements dangereux que les réseaux sociaux peuvent engendrer chez les plus jeunes et les plus fragiles.

En effet, à travers la descente aux enfers de Lola, le spectateur perçoit très bien tous les problèmes contemporains auxquels sont confrontés les jeunes en partie à cause des réseaux sociaux : cyberharcèlement, comparaison maladive avec des modèles irréels, vision négative de son propre corps, culte de la minceur, repli sur soi et solitude. Mais Influenceuse souligne également la responsabilité des parents par rapport aux nouvelles technologies. Si le père de Lola (interprété de façon très touchante par Julien Girbig) la contacte régulièrement et s’inquiète pour elle, le manque de communication entre les deux pose problème. Son père n’apparaît qu’une fois dans le même champ que Lola et ne comprend visiblement pas que ses gentilles taquineries n’ont aucun effet, voir même qu’elles braquent sa fille. Mais c’est surtout la violence des mots qui entraînera Lola vers son destin tragique. Les commentaires impitoyables défilant sur son visage en pleurs lors du direct témoignent de la cruauté dans laquelle les gens en ligne peuvent s’enliser, oubliant leur impact.

Le phénomène représenté dans Influenceuse ne date cependant pas d’hier. La société de l’image et du culte de l’apparences existe depuis bien plus longtemps et est visible à travers d’autres medium comme les magazines ou la télévision qui entrainaient déjà des conséquences négatives sur les jeunes. Depuis les années 90, les mannequins et les stars en générale dont on exige une apparence impeccables sont visibles à la télévision, dans des clips ou des interviews, elles deviennent célèbres et connues du grand public. Ce que nous montre ce court métrage, c’est qu’aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, ces personnalités parfaites que l’on voit à travers les écrans sont accessibles en permanence renforçant le risque d’engendrer des comportements obsessionnels qui émergeaient déjà il y 30 ans. Mais le pire, c’est que Instagram et les réseaux sociaux sont utilisés à des fin économiques. L’objectif de la plupart des influenceuses est d’insuffler le désir en vendant des produits. Nos écrans sont devenus de véritables vitrines de magasins. Derrière les problèmes mentaux des jeunes se cachent des intérêts financiers qui nous dépassent. Miss Billy, étant suivie par des milliers de personnes, n’a malheureusement pas compris qu’elle avait une responsabilité à jouer vis-à-vis des réseaux sociaux et des gens qui la suivent. Elle utilisera même son expérience malheureuse avec Lola afin de vendre d’autres types de produits : elle est un instrument ironique de la société de consommation.

Le court métrage de Sandy Lobry est une vraie réussite tant du point de vue de la forme que du fond. L’expérience immersive au sein d’un téléphone portable rendue possible grâce au travail remarquable qui a été fait sur l’animation nous permet de vivre une expérience unique, fascinante et dérangeante. Le format ainsi que l’histoire rendent poreuse la frontière entre fiction et réalité ce qui nous plonge de façon irrémédiable dans un univers étrange et paradoxalement familier. Avec Influenceuse, la réalisatrice éveille notre conscience sur le lien entre la santé mentale des jeunes et les réseaux sociaux. Selon une étude menée par des chercheurs de l’université de San Diego et de Floride, le taux de suicide chez les jeunes filles aurait augmenté de 65% entre 2010 et 2015, période qui coïncide avec l’apparition des réseaux sociaux. Il s’agit donc d’une problématique à ne pas prendre à la légère que Sandy Lobry traite avec brio dans son court métrage.

 

Festival du Film International de Paris

Paris Int’l Film Festival dates: 4 - 14th Feb 2021. A virtual experience powered by Filmocracy.

The Virtual Tapis Rouge (Red Carpet) is being adapted to 3 time zones on Opening Day Feb 4th (Paris time below):

-11am GMT+1 for Asia

-2pm GMT+1 for Europe

-4pm GMT+1 for America

You can come and join any time in virtual Montmartre with your best outfits or jammies!

Join us on Closing Day, Feb 14th, from 4 pm Paris time in virtual Montmartre until late for networking!

Awards announcement on Feb 14th, 9 pm Paris time on Youtube.

 Films and TV Pilots from the Official Selection are now available to watch in the virtual cinema, any day this week until Feb 14th.

Discover the Official Selection of the Paris International Film Festival, which are divided across four distinct categories for features:

Bring Change:

Invisible Love, WORLD PREMIERE

Cream, INTERNATIONAL PREMIERE

Tyrants of Tomorrow Telethon, EUROPEAN PREMIERE

Kiss The Ground, INTERNATIONAL PREMIERE

Green Flake, EUROPEAN PREMIERE

Documentaries For Change:

The Race To Save The World, WORLD PREMIERE

The Prison Within, INTERNATIONAL PREMIERE

Pioneers in Skirts, EUROPEAN PREMIERE

Surviving The Silence, EUROPEAN PREMIERE

She Should Run, Cyprus, FRENCH PREMIERE

Epic Stories:

The Big Kitty, INTERNATIONAL PREMIERE

Sum Of Us, INTERNATIONAL PREMIERE

Bad Candy, EUROPEAN PREMIERE

Soundtrack to Sixteen, FRENCH PREMIERE

Take Care (Please take care of your Physical and Mental Health)

Being Mortal, WORLD PREMIERE

Where Hope Grows INTERNATIONAL PREMIERE

The In-Between, EUROPEAN PREMIERE

Marcus, FRENCH PREMIERE

When All That’s Left Is Love, FRENCH PREMIERE

Breaking the Rules:

Alice in Paris, Season 3

Riddles of Dzoom, TV Pilot

Influenceuse (filmed in story format)

Flimsy, TV Pilot

Awauta

 

Short Films:

Stories for Change:

Handscape

Ruby Red

The Cunning Man

High Score

Unexpected Life

 

Human Rights:

Anna

Adnan

Savage

Patient 27

Kintsugi

 

Comedy and Suspense:

Skitoz

Proxy

Cold Call

Matty Boy

Archibald’s Syndrome

 

Look Around:

A Piglet’s Tale

The Overcoat

The Journalists covering the Pandemic Life in Italy

Fadi Awad Raise my Dust (Extended live mix)

 

Industry Panels and Q&As

All Q&As with the filmmakers, as well as the panels described below will be available to watch at the virtual Eiffel Tower any time Feb 4-14, 2021:

 

The Future of Filmmaking, moderated by Natasha Marburger and Jenna Suru, with guests: Ashley Maria (Pioneers In Skirts), Lisa Barmby (The Big Kitty), Nora Lakos (Cream), Mindy Blendsoe (The In-Between), Olga Beskhmelnytsina (Anna)

 

Distribution in 2021: The Future is Now, moderated by Jeff Rivera and Jenna Suru, with guests: Filmocracy, Film Festival Doctor Rebekah Smith and Simon Pulman (Attorney)

 

The Future Of Cinematography, with ZEISS Group moderated by Katia Del Rosario, Snehal Patel and Jenna Suru with guests: Volodymyr Ivanov (Anna), Daniel Balint (Cream) and Dave Miller (The Cunning Man)

 

Graphic Novels and Comic Books: Leading the Future of Film and Television moderated by Jeff Rivera with guests: Peter Murrieta (Film and Television Producer), Rodney Barnes (Film and Television Producer), Jeff Byrd (Director) and Jeff Gomez (Transmedia Producer)

 

Casting and The Audition Process, moderated by Anthony Meindi (Sun Of Us) and Jenna Suru, with guest: Eaglestone Management

 

The Empowerment of Diversity in Animation - How Diversity is Opening Doors in Animation moderated by Jeff Rivera with guests: Calvin Brown (Producer), Josh Fisher (Creative Executive), Pilar Flynn (Producer), Silvia Olivas (Writer/Producer) and Conrad Montgomery (Creative Executive)

 

The Empowerment of Diversity in Film & Television - How to Harness What Makes You Unique to Tell Better Stories and Further your Career moderated by Jeff Rivera with guests  Moisés Zamora, (Writer/Creator), Michelle Amor (Writer), Eric Dean Seaton (Director), Steven Tingus (Actor/Producer) and Lorisa Bates (Creative Executive)

 

Script competition is being held on Saturday Feb 6th at 5 pm Paris Time (casual networking from 4 pm onwards to meet with the screenwriters) in virtual Notre-Dame Cathedral.

More surprise and live events to come up there! C’est la vie.

Critiques du Paris International Film Festival

Signées Juliette Sculfort, Belle Époque Films.

 

Anna, 3 Récompenses dont Meilleur Court-métrage International

Après avoir réalisé The Girls Were Doing Nothing en 2016 et Ashmina qui a remporté le prix du Best Narrative Short au Jérusalem Film Festival en 2018, Dekel Berenson se propulse à l’avant de la scène festivalière grâce à son nouveau court métrage : Anna. En effet, ce dernier fait sa première lors du 72ème Festival de Cannes et est sélectionné par le Festival International du film de Toronto. Il s’agit d’un grand pas pour ce jeune cinéaste prometteur inspiré par ses nombreux voyages à travers le monde et travaillant actuellement sur son premier long métrage : Aliya.    

Anna fait partie de ces rares courts métrages bouleversant dans lesquels le jeu d’acteur, les décors de l’Ukraine enneigés en arrière-plan, la cinématographie aux couleurs froides et les thèmes abordés sont autant de bonnes raisons de s’attarder devant ce film. 

Anna relate l’histoire d’une mère célibataire de 45 ans interprétée par Svetlana Alekseevna Barandich vivant dans une petite ville industrielle de l’est de l’Ukraine. Travaillant en tant qu’ouvrière dans une usine de transformation de viande, elle rêve d’une vie meilleure pour elle et sa fille de 16 ans (Anastasia Vyazovskaya). Un jour, elle entend une publicité à la radio faisant la promotion d’une société organisant des soirées de rencontre entre des hommes américains et des femmes ukrainiennes. Intriguée, elle décide de s’y rendre mais déchante rapidement à mesure qu’elle prend conscience des réelles intentions des américains et de la situation aberrante dans laquelle elle se trouve.

Avec ce drame social, Berenson renforce la cohérence de sa filmographie en proposant de nouveau à travers un portrait de femme une représentation des aspirations et des désillusions du genre féminin. Cependant, il prend ici le contrepied du cadre bourgeois à travers lequel il dépeignait le parcours initiatique sexuel d’une jeune cadre aux abords de la trentaine dans The Girls Were Doing Nothing et nous plonge dans l’histoire d’une ouvrière de 45 ans qui cherche à trouver l’amour et à se déprendre de sa condition sociale.

Dans ce court métrage relatant sombrement le rythme de vie de Anna et sa participation au loving tour, Dekel Berenson souligne la violence de la condition de la femme et ce dès la scène d’ouverture. Ces premières minutes nous immergent au sein du hangar morne dans lequel travaille Anna. Les corps des cochons, dont la chaire exposée contraste désagréablement avec la lumière froide du lieu, peuvent être mis en parallèle avec la scène où les femmes qui viennent au love tour attendent alignées, une étiquette collée sur la poitrine, comme si elles étaient elle aussi, des numéros. Les hommes passent devant elles, une coupe de champagne à la main et les observent attentivement sans que l’on puisse accéder à leur visage, tout comme Anna et le boucher dans les premiers instants du film, dissimulés par les corps des bêtes. Ces deux scènes sont particulièrement importantes car elles illustrent l’interprétation du corps féminin et de ces soirées par le réalisateur. En effet, le parallèle entre les corps des cochons et ceux des participantes au love tour démontre que Anna et les autres femmes sont victimes de la violence du regard des hommes sur elles. Alignées, numérotées et passives, elles subissent le regard masculin impénétrable qui les scrute et en fait des objets inanimés, des morceaux de chaire, en somme des corps aliénés dont ils peuvent s’emparer. Cette scène, utilisée pour le poster du film, nous rappelle alors la théorie du male gaze selon laquelle les femmes sont filmées d’une façon à répondre aux désirs masculins à travers la chosification de leur corps, rendue possible grâce au placement et aux mouvements de la caméra. Ici, les visages s’effacent au profit des corps, la subjectivité est subordonnée à l’objet.

Mais la brutalité n’est pas seulement cantonnée à cet évènement. Tout au long du court métrage, d’autres manifestations de violence sont visibles. Tout d’abord, la violence systémique dont sont victimes les femmes est aussi perpétuée par d’autres femmes. En effet, c’est une femme qui va faire signer le contrat avec la société à Anna et une autre qui arbitrera la rencontre entre elle et un homme américain. La violence se voit également à travers la pression physique que subissent les femmes par rapport leur âge. Lorsque Anna dit à la recruteuse qu’elle a 45 ans, celle-ci ne la croit pas et la considère avec mépris. Mais c’est aussi une violence qui s’abat sur des femmes plus jeunes qu’on peut notamment relever lorsqu’une passante se fait siffler et insultée dans la rue sous le regard indifférent sinon habitué de Anna ou quand sa fille se force à embrasser un américain à la fin du court métrage. Que ce soit dans la rue, dans un café ou au sein de ces soirées glauques où les corps sont présentés comme des produits, Dekel Berenson nous délivre ici une vision du monde au sein duquel les femmes sont toutes victimes de l’oppression du système patriarcal.

Ce système répressif nous mène alors à parler du thème de la solitude illustré par le long panoramique sur Anna rentrant du travail mais également par le fait que la protagoniste soit souvent filmée en bord de cadre donnant l’impression que Anna est happée par le vide s’étendant autour d’elle. L’usage du surcadrage lors des scènes en intérieur et le manque de communication avec sa fille renforce le sentiment d’emprisonnement du personnage principal dans sa solitude et sa condition de femme ouvrière.  

Il s’agit également d’un film sur l’espoir. L’espoir d’une femme qui recherche l’amour afin de mieux supporter les difficultés de son quotidien mais aussi, tout simplement, de l’embellir. Comme elle le dira lors de l’entretien avec Éric interprété par Éric R. Gilliat, elle recherche avant tout une relation romantique et épanouissante. Son objectif n’est pas de trouver un homme fort afin de se sentir protégée matériellement ce qu’on pourrait croire au vu des conditions de vie dans lesquelles elle évolue. A travers ce court métrage, Dekel Berenson souligne un aspect de la réalité politico-sociale de l’Ukraine. En effet, malgré la fin de la guerre froide il y a près de 30 ans, l’est de l’Ukraine reste une zone très pauvre et très industrialisée. Les « love tours », comme on peut le voir dans le court métrage existent bel et bien et sont un moyen pour les femmes de pouvoir échapper à la misère dans laquelle elles vivent, les hommes étrangers profitant alors de leurs difficultés afin de les attirer.  

La scène de fin dans laquelle la violence éclate des deux côtés, bien qu’elle montre la détresse de Anna à son paroxysme, ajoute tout de même une note d’espoir. Anna, en s’interposant et en rejetant l’absurdité de la situation dans laquelle elle se trouve, redevient maître de son destin. 

A travers ce portrait de femme, Dekel Berenson dépeint une condition féminine empathique (Anna n’hésite pas à partager de la nourriture avec les chiens de façon désintéressée et vient à la rescousse de sa fille lors des love tours) subissant la violence du patriarcat que cela soit au grand air ou dans les tréfonds de ces soirées de rencontre avec pour arrière-plan la misère encore présente dans l’est de l’Ukraine. La cinématographie saisissante, avec des dominantes de couleurs froides et grises ainsi que la justesse du jeu d’acteur nous fait plonger instantanément dans la peau de cette femme. Avec Anna, Dekel Berenson signe un court métrage prometteur et fait partie de ces réalisateurs à suivre.

 

 

 

 

 

 

 

A Piglet’s Tale, Sélection Officielle

« A Piglet’s Tale » est-il un conte de fée illustrant une fois de plus un idéal d’harmonie entre l’Homme et la nature ? Il s’agit plutôt d’un plaidoyer antispéciste sous la forme une parabole satirique. Avec son nouveau court métrage, Fabrizio Gammardella renouvelle l’expérience de l’animation. Mais contrairement à sa dernière œuvre, Sissy’s Dream (réalisé en 2015), qui avait été projeté au Roy and Edna Disney CalArts Theater à Los Angeles, A Piglet’s Tale est beaucoup plus sombre et s’adresse à un public adolescent et adulte. Sélectionné au Paris International Film Festival, A Piglet’s Tale n’a laissé aucun de ses membres indifférent et leur a même plutôt retourné l’estomac.

A Piglet’s Tale raconte l’histoire d’un jeune couple ayant du mal à avoir un enfant. Afin d’augmenter leurs chances, ils décident d’emménager à la campagne. Un beau jour, la femme réussit enfin à tomber enceinte. Cependant, le nouveau-né est loin de correspondre à leurs attentes : ce dernier est capable de se métamorphoser en porcelet.

Lorsque le spectateur se plonge dans A Piglet’s Tale, le pacte de lecture lui annonce d’entrée qu’il va s’apprête à regarder un conte de fée s’inspirant de l’univers Disney. En effet, ce court métrage d’animation reprend tous les codes du genre. Nous sommes témoins de la naissance d’une histoire d’amour romantique et exclusive, débutant dès l’enfance des protagonistes et se poursuivant jusqu’à leur âge adulte. C’est un amour parfait, résistant aux aléas du temps et aux difficultés de la vie.  

Le choix des décors est aussi très significatif. Les protagonistes évoluent la plupart du temps au sein d’un cadre bucolique rappelant Le Conte de la Princesse Kaguya de Isao Takahata. Le futur couple se rencontre dans un parc, leur amour naît et grandit au sein de la nature, bercé par des images poétiques. Après leur mariage, confrontés à la difficulté à concevoir un enfant, ils décident d’emménager à la campagne, lieu où le miracle apparaîtra enfin, d’où le nom de la douce chanson qui accompagne leur histoire « I Believe In Miracles » de Hildegarde. La fertilité est rendue possible dans la nature, s’opposant traditionnellement aux vices de la ville symbolisés par les couleurs grises et la pluie. Le pittoresque se matérialise dans la police d’écriture des titres et des crédits mais aussi dans les passe-temps du couple (la femme peint et l’homme jardine). Ce faux conte de fée apparait cependant rapidement désenchanté et atteint son paroxysme de cruauté lors d’un repas de Noël.

Si les premières minutes de A Piglet’s Tale nous endorment confortablement au sein de l’histoire d’amour fusionnelle entre un homme et une femme, la naissance de leur enfant fait surgir le fantastique au sein du conte, ce qui qui entraîne sans qu’on le sache encore, le basculement dramatique de l’histoire. Sous l’apparence d’un cadre magnifique, propice au bonheur, à la paix et à l’harmonie, se trouve un ver dans la pomme comme disait Agnès Varda au sujet de son film : Le Bonheur. Ce ver, on le retrouve dans ce court métrage. Il est menacé par des oiseaux tout droit sortis d’un Cendrillon et fini gobé par le petit porcelet innocent. Le ver, au sein de ce cadre pittoresque, de cette impression de bonheur, c’est la fin tragique de l’enfant, inadapté à la société, abandonné par son père et rejeté à la fois par sa mère et les autres enfants. Est-ce sa demi-condition animale qui l’empêche d’être mis sur un pied d’égalité ?

A Piglet’s Tale est avant tout une parabole de la condition animale dans l’exploitation et les élevages agricoles. Le conte dénonce l’hypocrisie de l’amour que peuvent porter certains éleveurs à leurs animaux alors que la fin de leur métier, au sein de la société de consommation telle que nous la connaissons aujourd’hui, réside dans l’exécution intensive et cruelle de ces mêmes bêtes. Concernant ce petit être à moitié enfant et à moitié cochon, la question que nous pose Fabrizio Gammardella est la suivante : Est-ce qu’animal doit être considéré et traité différemment qu’un humain ? En jouant avec la capacité de l’enfant à se métamorphoser de façon très flexible, le réalisateur trouble l’empathie du spectateur qui, en personnifiant le petit porcelet, considère son sort comme celui de sa propre espèce.

Sous ce plaidoyer végétarien, se dissimulent quelques éléments venant confirmer l’esprit critique de Fabrizio Gammardella. Tout d’abord, la société de consommation, qui est à la source de la surexploitation animale, apparait brièvement dans le court métrage. Le travelling arrière sur l’image du mari en train de taper à toute vitesse des codes sur son ordinateur, dévoilant au fur et à mesure des collègues et des bureaux identiques qui s’étendent de façon infinie hors du champ, dénonce la répétition du même dans une société mondialisée et dans laquelle le soi se dissout au sein de la masse. Cela ne rappelle-t-il pas l’image de tous ces animaux entassés dans des hangars immenses ? Travelling arrière qui sera enchaîné par un plan en plongée sur les multiples nouveau-nés dont la femme doit s’occuper à l’hôpital. Des rôles genrés qui mettent en valeur les positions bien établies auxquelles sont assignés l’homme et la femme dans les contes traditionnels et reflétant la domination du patriarcat. Avec cette image, Fabrizio Gammardella nous signifie que la problématique actuelle de la mondialisation ne concerne pas que les animaux, mais le vivant dans son ensemble. C’est un appel urgent à changer notre regard, à repenser nos modes de vie et de consommation pour réenchanter notre rapport au monde.

Comment faire passer efficacement un message d’espoir et d’incitation au changement ? En précipitant son histoire féérique vers un drame tragique, Fabrizio Gammardella marque durablement les spectateurs, stupéfaits pas l’horreur finale du conte, dessiné et représenté de façon aussi poétique et douce que The Snowman. Mais si A Piglet’s Tale choque, il nous fait aussi réfléchir à la problématique brûlante de la mondialisation et de la surexploitation. Loin de vivre en harmonie avec la nature qu’ils affectionnent tant, celle où leur amour a pris forme et qui les a aidé, semble-t-il, à procréer, le couple y est finalement indifférent. A Piglet’s Tale témoigne de notre déconnection envers le vivant mise en valeur dès la scène d’ouverture. Le petit garçon s’amusant à jeter des pierres aux oiseaux est-il innocent ou bien le symbole de l’indifférence collective envers le destin de notre planète ? Un conte aux apparences féériques mais qui cache dans bien des scènes un message que Fabrizio Gammardella fait passer avec beaucoup de finesse.

 

  

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Paris International Film Festival du 4 au 14 Février 2021 (coworkingchannel.news)

JENNA SURU, UNE JEUNE CINÉASTE ENGAGÉE QUI NE SEMBLE PAS AVOIR DE LIMITES (monokromemag.com)

 

Handscape, Sélection Officielle

    Handscape est le deuxième court métrage de Yiru Chen. Réalisé en 2021, son nouveau film prolonge le travail de l’artiste qui avait été amorcé dans Paulo and Ripo sur le rapport entre langage et corporéité. Handscape fait aujourd’hui partie de la sélection officielle du Paris International Film Festival.  

    Dans Handscape, Yiru Chen raconte l’histoire d’un jeune garçon, Xia Qing passionné par la danse et fasciné par la technique de mouvement des mains de Martha Graham, l’une des fondatrices de la danse contemporaine qu’il découvre dans un magazine dédié à son art favori. Mais ses goûts ne conviennent pas vraiment à sa mère, atteinte de surdité et bloquée dans les carcans traditionnels de la société chinoise : elle refuse radicalement qu’il participe à l’audition de sa compagnie de dance préférée.

     Magnifique, poétique et sensuel, Handscape déploie aussi tout une réflexion sur l’inclusion, la puissance du langage corporel et de l’art.

    Le dernier court métrage de la réalisatrice Yiru Chen est une ode à la diversité et à l’inclusion. Ayant suivi des études sur les problèmes de surdité et de déficience auditive, Yiru Chen maîtrise parfaitement son sujet. En effet, la jeune réalisatrice mène de bout en bout un film quasiment muet, retraçant l’évolution conflictuelle de la relation de Xia Qing avec sa mère entièrement grâce au langage des signes. Si quelques scènes du film nous permettent de comprendre que le protagoniste peut tout aussi bien entendre et parler avec ses camarades de danse, cet aspect reste en marge de l’œuvre qui préfère se concentrer sur les moments d’introspection du personnage, rendus possibles grâce à un autre langage : celui de la danse.

    Mais Handscape retrace également les limites de l’inclusion auxquels les personnages sont confrontés. La mère de Xia s’inquiète pour l’avenir de son fils et de leurs problèmes de déficiences auditives tandis que Xia craint le regard que porte sa mère sur son identité qui s’éloigne des codes masculins. Mais Yiru Chen se garde bien de juger et de mettre dans une case son personnage principal en refusant de filmer le thème banal et répétitif du coming-out. Xia apparaît simplement comme un garçon qui explore les possibilités de son être et qui remet en cause les stéréotypes de genre, peu importe son orientation sexuelle. Si sa mère assimile le vernis à ongle au genre féminin et à l’homosexualité, les spectateurs avertis comprendront que ce ces deux aspects ne sont pas forcément corrélés entre eux, le rapport au genre et à la sexualité se complexifiant de plus en plus.   

    Ainsi, c’est grâce à la danse que le personnage principal va pouvoir se libérer du regard de sa mère tout en la libérant elle-même. Comme il a été dit précédemment, Xia semble pouvoir communiquer avec ses camarades et n’est pas complètement sourd. Mais le travail sur le sound design, devenant parfois plus faible, nous laisse penser que le personnage principal est aussi emprisonné par des problèmes de déficience auditive, comme en témoigne la musique, absorbante et teintée d’une forme de grésillement ou de clapotis.

    La danse apparait donc ici comme un moyen de libération et d’expression du personnage. Mouvements interminables, appropriation de l’espace, transe introspective et émotions traversent Xia tout au long du court métrage. Pas besoin de mots, ni du code du langage des signes, ce sont les émotions perçues à travers la danse ainsi que le beauté de l’art qui finira par faire sourire et émouvoir la mère de Xia, laissant penser au spectateur qu’elle va enfin le laisser vivre de sa passion.    L’homonymie que l’on peut relever entre « Landscape » et « Handscape » prend alors tout son sens. Le « Landscape » c’est le paysage, l’espace, qui absorbe l’homme par son immensité et sa beauté, tout comme les mouvements des mains de Xia, qui souhaite s’échapper des déterminismes de son corps et de la société, étendant ses gestes et sa volonté au-delà de sa finitude matérielle.  

   Savage, Sélection Officielle

 Réalisé par Denis Dobrovoda en 2019, Savage constitue le troisième court métrage du réalisateur. Projeté et nominé à travers des festivals reconnus tels que Boston et San Diego, Savage fait maintenant partie de la sélection officielle du Paris International Film Festival.

    Savage raconte l’histoire d’un jeune africain, amené de force par des colons anglais en Angleterre ayant en tête de l’exposer dans un musée d’histoire naturelle. Dévoilé comme un objet de curiosité aux yeux des visiteurs, le jeune homme n’a pas d’autres choix que d’obéir aux ordres de ses ravisseurs en se pliant à leur demande.

     Même si Savage démêle de bout en bout une histoire cruelle et tragique, nous l’avons apprécié pour son message fort et son concept, qui, nous en sommes surs ne laissera aucun de ses spectateurs indifférents.

    Si Savage est un court métrage aussi poignant, c’est avant tout parce que ce qui semble à priori n’être qu’une histoire d’horreur dans laquelle des hommes en réduiraient d’autres à la condition animale, leur demandant de réaliser des numéros afin d’amuser le public, est surtout une représentation réaliste d’une partie de l’histoire coloniale. En effet, pendant longtemps, des expositions coloniales ont eu lieu en Europe dans lesquelles les peuples colonisés étaient exhibés au sein leur « cadre naturel » reconstitué. Ces expositions avaient pour but de représenter un monde idéalisé et d’assoir « l’idéologie impériale de l’époque promouvant la supériorité de l’Occident ». Nous retenons ainsi que la réalité inhumaine de la colonisation suffit à créer un sentiment d’horreur et d’absurdité, tant ces pratiques de l’époque nous apparaissent aujourd’hui étrange et barbare.

    Savage déploie une réflexion sur le regard subjectif et biaisé de l’homme blanc, tout en nous faisant réfléchir sur notre propre regard. Qui sommes-nous pour savoir si un être vivant mérite de devenir un échantillon de son environnement que nous pourrions manipuler à notre guise ? Le jeune homme dont nous suivons les tentatives de fuites désespérée, court et se perd à travers le musée découvrant sur sa route des centaines d’espèces animales figées. Sa course vaine lui permettra seulement de prendre conscience que son avenir est réduit à celui de ces animaux et de la jeune Inuit, c’est-à-dire l’enfermement à tout jamais dans ce musée, vivant ou mort.

    Savage est un film permettant de garder la mémoire les évènements atroces qui ont eu lieu lors de la colonisation, dénonçant le racisme dans une époque telle que la nôtre, continuant d’être menacée par son spectre oppressif. Ce court métrage permet de nous prévenir sur les des dérives de notre regard et affirme que la diversité humaine et animale est essentielle à l’équilibre de notre monde. L’occident a un rôle important à jouer et doit se remettre en question s’il veut éviter que nous devenions tous les objets éteints d’un immense musée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Paris International Film Festival 2021 Official Winners

 

2021 Winners Announcement

2021 WInners Script Competition Announcement

Lauréna Thellier, Prix d’Honneur 2021

Dakore Egbuson-Akande, Prix d’Honneur International 2021

Paris IFF 2021 Awards: Best Narrative Feature Film - INVISIBLE LOVE by Guo Xiang Best French Short Film - INFLUENCEUSE by Sandy Lobry Best Foreign Short Film - ANNA by Dekel Berenson Best Experimental Feature Film - THE BIG KITTY by Tom Alberts and Lisa Barmby Best Documentary Feature - KISS THE GROUND by Joshua and Rebecca Harrell Tickell Best Documentary for change - PIONEERS IN SKIRTS by Ashley Maria Best TV Series - ALICE IN PARIS by Thibaud Martin Special Jury Award - CREAM by Nóra Lakos Best Feature Director - Nora Lakos (CREAM) Best Short Director - Dekel Berenson (Anna) Best Writer - writer Fruzsina Fekete, co-writers Nóra Lakos and Yvonne Kerecgyártó (CREAM) Best International Actor - Hoang Thi Bich Phuong (INVISIBLE LOVE) Best French Actor - Lauréna Thellier (INFLUENCEUSE) Best Cinematography - Vova Ivanov (ANNA)

Best Comedy Feature - Soundtrack to Sixteen by Hillary and Anna-Elizabeth Shakespeare Best Sound Mix - David Knight (BAD CANDY) Best Editing - Michael Bruno (SURVIVING THE SILENCE) Best Score - THE IN-BETWEEN by Mindy Bledsoe Best International Collaboration - INVISIBLE LOVE by Guo Xiang Best Casting Director - Bartsch Kata (CREAM) Best Stunt Coordination Team - GREEN FLAKE by Mauli Bonner Best HMUA - Nana Fischer (PROXY) Best Production Design - Juci Szurdi (CREAM) Breaking the Rules Feature Award - Tyrants of Tomorrow Telethon by Christopher Shorr Breaking the Rules Short - Riddles of Dzoom by Rachele Fregonese Best Short Film for Change - Ruby Red by Philippe Audi-Dor Prix Angèle - Cyrine Jarretie (PATIENT 27) Best Music Video - Fadi Awad, Raise My Dust (Extended Live Mix) Audience Award - Sum Of Us by Anthony Meindl

Critiques du Paris International Film Festival

Signées Juliette Sculfort, Belle Époque Films.

 

The Big Kitty, Meilleur Film Expérimental

The Big Kitty est un hommage au cinéma hollywoodien des années 40 que réalisent avec brio les artistes peintres et plasticiens Lisa Barmby et Tom Alberts. Grâce à l’aide de leurs nombreux amis et de leurs économies personnelles, ceux qui peuvent maintenant rajouter le terme de « réalisateur » à leur biographie d’artiste nous délivre un premier long métrage expérimental, drôle et pétillant. En s’inspirant en grande partie du genre du film noir et de la Screwball Comedy, The Big Kitty fascine par sa mise en scène burlesque et ses acteurs qui n’ont rien à envier au glamour de Katherine Hepburn (citée sous le nom de Katherine Heartburn dans le faux générique du début) ou de Gary Cooper, tous deux acteurs hollywoodiens emblématiques du cinéma de l’âge d’or hollywoodien. A travers The Big Kitty, Lisa Barmby et Tom Alberts jouent avec les genres et les styles qui les inspiraient déjà dans leurs peintures : le surréalisme et le film noir.

Mais Tom Alberts nous surprend aussi en tant qu’acteur, incarnant avec justesse le rôle du détective Guy Boyman. Lisa Barmby est tout aussi convaincante en princesse russe.

The Big Kitty raconte l’histoire de Yukova Illinaditch qui recherche désespérément son chat disparu lors d’une soirée au « Catabianca ». Pour cela, elle fait appel au détective Guy Boyman. Tous deux se lancent dans une enquête remplie de péripéties toutes plus absurdes les unes que les autres les menant dans les recoins les plus rocambolesques de la ville.

Comme nous l’avons dit précédemment, ce premier long métrage fait référence au cinéma américain des années 40 et plus particulièrement au genre du film noir et de la screwball comedy. Le charme qui s’opère dans The Big Kitty se trouve dans le fait de pouvoir visualiser une ancienne esthétique qui, couplée au travail numérique, joue avec les codes cinématographiques de l’époque et parvient à nous faire rire. En effet, le couple s’amuse des clichés du genre et les reproduit sur un ton humoristique grâce à la mise en scène d’un comique de gestes et de situations réussie. On pense alors au jeu de séduction un peu ridicule qui se met en place entre les personnages principaux, notamment lorsque Yukova s’assoit de façon inattendue sur le bureau du détective. Le plan sur ses jambes dénudées et le regard franchement appuyé de Guy fait sombrer cette tentative de rapprochement romantique dans le burlesque, ce qui sera conforté par le baiser qu’elle lui souffle, éteignant irrémédiablement sa cigarette et par la même occasion… toute forme de sensualité. Ce genre de comique de situations s’opérera à nouveau entre les personnages dans de nombreuses autres scènes comme lorsque Yukova libère Guy lors de leur visite chez une voyante. Mais c’est aussi grâce aux mimiques parfois grotesques des acteurs que l’humour peut émerger. Il ne faut pas non plus oublier les dialogues burlesques des personnages ainsi que la mise en place d’un humour slapstick que l’on retrouve dans les scènes de meurtres mais aussi à travers les actes violents dont sont parfois victimes les personnages principaux (Guy Boyman s’évanouissant après s’être cogné la tête, effondrement du laboratoire et meurtre absurdes).

The Big Kitty rappelle également les caractéristiques formelles du film noir, très apprécié dans les années 40. L’action se passe en grande partie en ville, les scènes nocturnes sont nombreuses et l’éclairage s’inspire à certains moments de l’expressionisme allemand, comme on peut le noter lors des scènes de meurtres où les plans sont larges et le contraste entre le noir et le blanc est fort. L’usage de la caméra subjective au début du film, la création d’un laboratoire et les plans sensualisant la présence à l’écran de Yukova, se transformant en femme fatale, ne seraient pas aussi bien réussis s’ils n’étaient pas filmés sur un ton parodique. Enfin, notons les délicieuses références à Vertigo lorsque le personnage principal, après avoir été drogué, sombre comme James Stewart dans une spirale, avant de littéralement tomber dans un rêve surréaliste et rappelant, comme nous l’indique le générique (proposant des jeux de mots subtiles), un certain… « Salvatore Dady » ? L’œuvre de Picasso, martyrisé par un peintre interprété par un des amis du réalisateur, Gavin Brown, souligne l’amour du couple d’artistes pour leur entourage et le milieu de l’art dont ils sont issus.

The Big Kitty est une histoire burlesque tournant autour de la recherche d’un chat disparu. Ce burlesque est porté au plus haut grâce aux décors et aux accessoires volontairement grossiers, dont on devine l’essence fictionnelle et qui maintient le spectateur de façon distanciée. Guy et Yukova nous entraînent dans une comédie hilarante, pleines de péripéties et de suspense centralisée autour de la figure du chat, prenant une place tellement importante qu’un vocabulaire tout aussi absurde que l’histoire vient étayer. Le chat est présent partout dans le décor et dans les costumes redevenant presque un symbole aussi sacré qu’il était à l’âge des pyramides.

The Big Kitty est une œuvre cinématographique expérimentale brillante, très étonnante et riche en référence et en gags dont la démesure et le glamour séduira aussi bien un spectateur averti que non averti. Lisa Barmby et Tom Alberts sont des artistes à suivre qu’on apprécie pour leur capacité à nous replonger dans une époque cinématographique dont nous sommes tous les héritiers.    

Surviving The Silence, Meilleur Montage

Après avoir réalisé et produit Breaking Through en 2013, Cindy L. Abel revient avec un documentaire qui met de nouveau à l’honneur la communauté LGBTQI+. Avec Surviving The Silence, ayant fait sa première mondiale au Ashland Independent Film Festival et en sélection officielle du Paris International Film Festival, Cindy L. Abel s’impose comme la porte-parole et la témoin des difficultés et des injustices rencontrées par la communauté gay. Un documentaire grandiose, émouvant et surprenant sur le fait d’être une lesbienne militaire au 20ème siècle et sur la législation dans les forces armées des Etats-Unis vis-à-vis des homosexuels et des bisexuels. Au Paris International Film Festival, nous admirons le courage et la force de ces femmes qui ont participé à l’évolution et au changement des mœurs au sein de l’armée et de la société américaine.

Surviving The Silence établit le portrait de deux femmes lesbiennes militaires, Patsy Thompson et Margarethe Cammermeyer ainsi que celui de Barbara Brass qui était la compagne de Patsy. En 1992, Margarethe Cammermeyer avoue ouvertement devant l’armée américaine qu’elle est lesbienne. A seulement 2 ans de sa retraite, Patsy Thompson, infirmière décorée de l’armée, était en charge de la commission d’examen militaire de Margarethe Cammermeyer. Elle-même lesbienne et en couple depuis des années avec Barbara Brass, cette nomination fut une des choses des plus difficiles à faire pour Patsy. Tiraillée entre le fait de protéger son propre secret et d’apporter de l’aide à Margarethe, Patsy fera retarder la nomination le plus longtemps possible, au risque d’être elle-même soupçonnée. Pour Margarethe, Patsy était une héroïne.

A travers ce documentaire, Cindy L. Abel parle avant tout d’amour. Comment vivre son histoire d’amour au sein d’une société qui rejette les unions qu’elle considère immorales et illégitimes ? Ici, il s’agit d’une histoire d’amour homosexuelle, celle de Patsy Thompson et Barbara Brass, l’une militaire, l’autre plutôt proche des idées hippies et antimilitaristes. Deux femmes aux idées opposées mais qui n’ont jamais cessé de s’aimer, de se soutenir et de lutter pour rester ensemble malgré le manque de soutien de la part de leur entourage, les lois strictes de l’armée et les nombreux voyages de Patsy pour son travail. Cindy L. Abel raconte cette histoire d’amour grâce une mise en scène et une reconstitution historique riche. Mêlant archives vidéographiques, photos et documents juridiques, elle plonge instantanément le spectateur dans l’histoire émouvante de Patsy et Barbara. Un des plus beaux plans du documentaire est certainement celui qui filme Patsy dans sa tenue de militaire donnant la main de Barbara avant de rentrer dans un lycée du Nord de la Californie, lieu où elles raconteront leur histoire pour la première fois. Ce sont des images que nous sommes peu habitués à voir, la possibilité pour deux femmes qui ont vécu dans une société répressive d’afficher leur amour anticonformiste et encore récemment réprimé par l’armée américaine. Patsy, en tenue militaire, inspire la communauté LGBTQI+ tout comme la communauté féministe. A travers les médias ou les arts, peu de femmes militaires sont représentées, ce qui en fait de rares modèles.

Surviving The Silence retrace également l’évolution récente des mœurs américaines dans le milieu de l’armée. En effet, après l’affaire de Margarethe Cammermeyer, les choses ont lentement commencé à évoluer. La politique de législation discriminatoire Don’t Ask, Don’t Tell a été mise en vigueur à partir de 1994. La loi indiquait que l’armée ne devait pas se renseigner ou poser des questions sur l’orientation sexuelle de ses recrues. Cependant, elle appelait également les non hétérosexuels à ne par parler de leur orientation au risque d’être renvoyé. Une loi ambiguë et loin de résoudre le problème mais témoignant du retentissement de plus en plus grandissant de l’injustice dont la communauté LGBTQI+ est victime. Il faudra attendre 2010 avant que le gouvernement de Barack Obama abroge cette loi et permette réellement aux citoyens non hétérosexuels de pouvoir s’engager dans l’armée sans avoir à garder le silence sur leur identité.  

Surviving The Silence est un magnifique documentaire qui met à l’honneur le combat de femmes dont la différence constitue aussi leur force. Après des années de survivance dans le silence et la peur, Patsy Thompson et Barbara Brass vivent aujourd’hui bien plus librement leur amour, le proclame haut et fort et luttent pour les droits des LGBTQI+. Ces trois femmes sont une grande source d’inspiration pour la communauté du Paris International Film Festival. L’art est un vecteur de changement comme nous le démontre le film produit par Barbara Streisand sur l’histoire de Margarethe Cammermeyer. Les artistes comme Cindy L. Abel libèrent la parole autour de l’oppression du patriarcat et permettent d’avancer vers un monde avec d’avantage de diversité, de paix et de possibilités d’être.

      

Ruby Red, Meilleur Court-métrage pour le changement

Depuis la réalisation en 2015 de son premier long métrage intitulé Wasp, Philippe Audi-Dor ne cesse d’interroger notre rapport à l’orientation sexuelle et au désir. Primé et sélectionné dans plus de 10 festivals comme le European Cinematography Awards et le New Amsterdam Renaissance, Ruby Red, son tout nouveau court métrage, poursuit la réflexion du réalisateur quant à la fluidité des désirs et de ses interdits. Avec cette nouvelle œuvre, en sélection officielle du Paris International Film Festival, on quitte la chaleur exotique du sud de la France afin de nous engouffrer dans une soirée où l’exaltation des corps excite les sens.

Ruby Red raconte l’histoire d’un jeune homme hétérosexuel perturbé par des envies qu’il juge incompatibles avec son identité. C’est au sein d’une soirée que Théo, magnifiquement interprété par Basil Eidenbenz, troublé, s’isolera dans une chambre avant que Ruby (jouée par Amelia Bennett) le retrouve. A l’abris des regards, cette dernière lui demande de lui révéler son plus grand fantasme. Celui-ci se révèlera à la fois comme une libération et une malédiction pour le jeune homme tiraillé. Une esthétique flamboyante rendue possible grâce à la complicité artistique entre Philippe Audi-Dor et son directeur de la photographie Pablo Rojo.

Ruby Red fait partie de ces rares court métrages qui arrivent à conjuguer son identité visuelle aux enjeux de la diégèse. Le charme suranné de la pellicule cinématographique, l’atmosphère queer multicolore et chatoyante, la fluidité du jeu des acteurs baignés dans une ambiance diaprée et sensuelle sont autant de bonne raisons de voir et re revoir ce petit bijou cinématographique.    

Peut-on sortir des carcans de la masculinité traditionnelle tout en étant toujours attiré par des femmes ? Telle est la question qu’on se pose en regardant Ruby Red et à laquelle le réalisateur répond que cela ne peut se faire qu’en empruntant le long chemin de la déconstruction du genre à la fois salvateur et douloureux. Ici, il n’est pas question d’un jeune homme se posant la question de savoir s’il est homosexuel ou non. Théo se demande tout simplement s’il peut porter du rouge à lèvre et continuer à vivre normalement. Ce que nous montre Ruby Red, c’est que la rigidité du genre masculin empêche les hommes d’explorer certaines parties d’eux-mêmes. Théo est un jeune homme qui a envie de s’aventurer sur des chemins nouveaux malgré la gêne qui le retient. La fluidité des désirs du jeune homme s’écoule à l’écran comme les nombreuses lumières de la chambre qui défilent sur son visage, passant d’une émotion à une autre et dominé avant tout par la crainte. Toutes ces couleurs diaprées et qui envahissent ce huit clôt introspectif nous rappellent Pink Narcissus de James Bigood. La fête est propice à l’exacerbation des sens et Théo se regarde avec beaucoup d’appréhension à travers la glace qui lui permet de plonger en lui-même. Mais ce surcadrage l’enferme aussi paradoxalement. Il cherche une réponse, mais faut-il en trouver une ? Ruby apparait comme celle qui pourra enfin l’aider à réaliser ses fantasmes. Mais qui est-elle au juste ? Son double féminin et sensuel ou une femme qu’il rêve de pouvoir enlacer en étant libre ? Peut-être les deux. 

L’aspect onirique et festif de Ruby Red est tout aussi perturbant pour le spectateur qui subit la violence morale que s’inflige Théo. Cigarette brulant la peau, ciseau serré dans sa main droite et Ruby le maltraitant, la souffrance du personnage principal rapportée par le format du 4/3 nous semble très proche. Théo étouffe dans ce cadre trop restreint pour ses désirs. Si l’on veut nous aussi toucher la couverture en satin, la paume de notre main endure presque la même douleur que celle de Théo. Les sens sont en éveils, bercés par la couleur apaisante du bleu, océan dans lequel les invités de la soirée dansent, mais sont tout aussi malmenés par la douleur qu’ils peuvent engendrer. Violence et extases sensuelles se côtoient dans un monde qui n’est pas encore tout à fait prêt à lâcher prise. L’usage d’une palette de couleur néons rappellent l’aspect obscure que Nicolas Winding Refn donne à ses films. Les néons écrasent leur lumières froides et diffusent sur Théo qui subit tantôt avec plaisir et tantôt avec violence ses envies. Ruby Red est une invitation à explorer la mouvance de nos désirs sous l’œil voyeur et consistant de la tradition.  

Le grain attrayant du 16 mm est une façon de personnifier le poids de la tradition qui pèse sur les épaules de Théo mais aussi sur les représentations du genre au cinéma. Celle-ci rentre en contraste avec la fête qui est filmée sous un format numérique. Lorsque Théo s’abandonne à son fantasme et qu’il peut enfin affirmer son désir envers Ruby, les corps sont filmés en alternance avec des plans fixes sur des posters représentant des tableaux anciens. La réalité et le regard de la société rattrapent Théo. Mais la présence du rêve de Rousseau ne pourrait-elle pas aussi apparaître comme le regard complice d’un ancien artiste encourageant les jeunes à briser les règles de l’art tout comme lui les a déjà brisées ? La musique joue aussi un rôle important dans Ruby Red. Très prégnante au début du court métrage, elle s’efface à mesure que la tension de Théo monte et disparait complètement lorsque Ruby lui met le rouge à lèvre. La musique reprend, Théo revient à la vie.

Ruby Red est un court métrage brillant, audacieux et séduisant dans lequel une multitude de symboles se cachent donnant différentes pistes d’interprétation à l’histoire. On l’aime pour sa capacité à explorer le rapport des hommes à leur masculinité, dans une époque influencée par la culture LGBTQI+ et dans laquelle une plus grande fluidité est permise. Théo, à l'instar des personnages de Xavier Dolan, est un personnage masculin qui souffre de ses désirs non conventionnels et qui est enfermé dans un cadre étouffant. Mais on peut espérer que grâce au travail des artistes sur la représentation, ils pourront eux aussi, un jour, mieux respirer dans un monde qui se prêtera davantage à la réinvention de soi.

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Highlighting the new voices of independent cinema, PIFF puts French and international filmmakers with a positive message under the spotlight.
Built around its independent feature and short films competitions, the Festival offers a wide look on both International and French independent production, in particular independent films broadcasting a clear, positive message with international potential.

For the upcoming edition, Academy Award Nominee Jeff Arch (Sleepless in Seattle), AMAA Award-Winning Dakore Egbuson-Akande, Director Bobby Roth (Prison Break, Lost), Producer Jeff Riviera (Forever My Lady), Chesley Heymsfield (Louisiana IFF Executive Director), Carrie Bernans (Black Panther) will be on the Jury to grant the Awards to the selected filmmakers.

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ZEISS is an internationally leading technology enterprise with solutions for industry, research, medicine, eyeglass lenses, camera lenses, binoculars and planetariums.

“For over 100 years, ZEISS has manufactured lenses for cinematographers at all levels.

As a proponent for independent filmmaking and the festivals that provide next generation filmmakers a platform to showcase their creative vision, it was only fitting that we partner with Paris International Film Festival for the 2021 edition. ZEISS is proud to support PIFF and their excellent community of diverse visionaries.”

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Meet our Official Partner…

FULL FESTIVAL PROGRAMME ANNOUNCED

Bringing you the latest news, reviews, interviews and red carpet action from the world of Film, TV… 

Reflecting on our selection as one of the Press Partners for PIFF, I (John Higgins) have this to say:

“Ever since Film And TV Now reviewed Jenna Suru’s L’AGE D’OR / THE GOLDEN AGE as part of its’ coverage for the 2020 London Independent Film Festival earlier this year pre-lockdown, we have continued to strive to present – as we have done for years – the best coverage of new and exciting independent film.

We have become a much-sought after resource for people wishing to promote their films and associated talent at a crucial time when accessibility has been impacted by the global situation. As a Press Partner for the upcoming 2021 Festival, we look forward to continuing our association and to help develop and evolve with Jenna and her team.”

Meet our Team…

First producer of ‘’The Bigger Picture’’ starring Robert Sheehan (The Umbrella Academy, Misfits), Belle Époque Films produced Jenna Suru's directorial debut "The Golden Age", a period drama feature filmed in 35 exceptional location on an outstanding 60s rock soundtrack. 

Feature Film Awards / Short Film Awards

Best French Feature Film
Best French Short Film
Best Foreign Feature Film
Best French Short Film

Audience Award
Special Jury Award
Best Feature Film Director
Best Short Film Director
Best Writer
Best French Actor
Best International Actor
Best Cinematography
Best Sound Mix
Best Editing
Best Score
Best International Collaboration
Best Casting Director
Best Stunt Coordination Team

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J’adore. Now, where can I submit my own project?

Following us is always a good idea

#LoveOurFuture

Rules and Terms

 

BEFORE SUBMITTING:

• The Paris International Film Festival (PIFF) usually screens on DCP (Digital Cinema Package). Our venue uses 2K projectors. Please notify PIFF when submitting to PIFF (in "Cover Letter" Section when submitting) if you cannot provide the Festival with a DCP and back-up Blu-Ray and can only screen your film online, or if you have any concern about your film being screened online.

• While we consider all genres, please note films with an international potential and a positive message will be given priority.

• Sales Agents and Filmmakers: Please note before submiting your material you cannot require a screening fee. As an independent film Festival supporting Filmmakers & independent cinema, screening fees are not in our budget.

PIFF SUBMISSION BASICS

(For 2023 Festival)

1 – All completed submissions received by Dec 15, 2022 will be considered for the Paris International Film Festival 2021 (PIFF23), regardless of when they are being submitted.

2 - Premiere status is taken into account for all sections and films that have not yet screened in Paris (Paris & suburbs) prior to PIFF23 will be given priority.

3 – Filmmaker engagement will be taken into account for all selections. We encourage you to have a website and be active on social media (Facebook, Instagram, Twitter, Linkedin, etc) to discover your audience. It's easier for us to promote you if we know who your audience is.

4 – Submissions not in English must have English subtitles. Submissions not in French are highly encouraged to provide a copy with French subtitles for the screening.

5 – We only consider Films and Scripts which have been submitted on FilmFreeway, as this is the platform our Jury uses to access and review material. Once submission is completed on FilmFreeway, submission fees cannot be refunded.

IF ACCEPTED TO PIFF21:

1 – The filmmakers accept responsibility for all trademark and copyrighted materials, shown or recorded, on the project and have the necessary releases for a theatrical and a digital screening.

2 - Official selections may be asked to provide a DCP and back-up Blu-Ray and/or a digital copy six (6) weeks prior to the festival. Please notify PIFF21 when submitting (in "Cover Letter" Section when submitting) if you cannot provide the Festival with a DCP and back-up Blu-Ray and can only screen your film online, or if you have any concern about your film being screened online. Please do not submit to PIFF23 if you're not able to provide the relevant material in time for screening purposes.

3 – Filmmakers agree that their film trailer, or clips from it, and all other material related to their project may be used and/or published in the event program, website, social networking sites, blog, or for other Festival promotional purposes.

4 – Filmmakers promise to provide PIFF with a full electronic press kit that must include a trailer, images for web and print, cast & crew information, and film synopsis. Your support is essential so we can promote your hard work best.

5 – We ask that you participate in PIFF as much as possible (Director, Producers, Writers, cast & crew members…). One of the main assets of the Festival is networking with your peers, getting your hard work seen, build connections and great memories. If you’re unable to attend your screening, please have a representative attend in your place. Please support your peers and celebrate independent cinema.

6 - The cost of delivery and pick-up of all materials is the responsibility of the filmmaker.

7 - PIFF holds no responsibility for lost or damaged films or promotional materials. Obviously we’re going to handle your deliverables with care, but it is solely up to the filmmaker to take full responsibility.

8 - Please note there is no refund provided on Festival passes to attend Festival.

OUR PLEDGE TO THE FILMMAKER:

1 – PIFF promises to watch each submission, from start to finish. You took the time to submit your project to PIFF23 and we’ll take the time to watch it. (Please note that your Vimeo counter will not take into account views if embedded into FilmFreeway.com)

2 – PIFF will update the main contact on the status of the film. If you change your email address, please be sure to update PIFF. Additionally, follow @ParisIntFilmFest on Facebook/Twitter/Instagram.

Submitting to PIFF23 through FilmFreeway.com confirms that you are authorized to do so and that you've read, understand and agree to the PIFF23 Terms of Entry.

3 - Please note submission fees won't be refunded, whether your project has been selected or not. We're working hard to bring the best experience possible for our filmmakers from the selection process, but due to the high number of submissions, we may not be able to provide you with any feedback in the case that your project is not selected.

4 - Due to the current pandemic situation, PIFF reserves the right to change Festival dates, these conditions are subject to change and part or all of PIFF23 events (screenings, Q&A, panels & networking) may be held online.

Please contact the Festival before making any accomodation/travel arrangement to attend, and notify PIFF23 when submitting (in "Cover Letter" Section when submitting) if you have any concern about your film being screened online during the Festival dates, or your script being read online during the virtual reading of the selected scripts.